Enfant adultérin, Enfant né hors mariage, Enfant né dans une famille trop pauvre,
Enfant orphelin, Enfant mal né (malade, handicapé, souffrant de malformation…) Les raisons pour lesquelles on prenait la décision d’abandonner un enfant sont légion. Avant 1638, abandonner son petit signifiait généralement le laisser sur le perron d’une église en plein milieu de la nuit, attendant le petit matin que quelqu’un le découvre. Au mieux ces petits malchanceux étaient déjà bien malades
; au pire, déjà morts quand les religieuses les découvraient.
Mais tout changeât en 1638 avec Saint Vincent de Paul qui fit aménager le premier Tour d’Abandon en France, inspiré des « ruote dei trovatelli » (« roues pour enfants trouvés ») qui existaient déjà en Italie depuis 1198.
Un tour d’abandon consistait en un cylindre ouvrant sur l’extérieur d’un bâtiment, généralement une église ou un hospice, comme un tambour de porte dans lequel les mères déposaient anonymement leurs petits.
Faire tourner le tour, et ainsi faire passer le bambin de l’autre coté du mur, actionnait alors un système de clochette qui prévenait qu’un nouveau petit pensionnaire venait d’arriver afin qu’il puisse être pris en charge au plus vite.
A leur apogée, on comptait 251 tours d’abandon en France et les enfants abandonnés se comptaient par dizaine de milliers chaque année bien que bon nombre d’entre eux ne survivent que peu de temps. (cliquez sur l’image ci contre pour voir un registre d’enfants abandonnés). Ce geste n’étant bien souvent pas une volonté pure mais une décision contrainte par le besoin, les mères étaient autorisées à laisser « une remarque », c’est à dire un indice qui leur permettrait, si les jours devaient s’avérer meilleurs, de s’identifier auprès de leur enfant. Ainsi de nombreux petits étaient laissés avec des rubans, des médailles ou de petits billets déchirés en deux. La première moitié du billet était glissé dans le lange du bébé tandis que la mère gardait l’autre moitié afin de pouvoir le reconstituer. C’est seulement le 19 Janvier 1811 qu’un décret impérial en légiféra l’utilisation. Toutefois, et un peu paradoxalement (pour ne pas dire hypocritement), le principe du tour d’abandon provoqua l’indignation de la population. Accusé de favoriser l’abandon et le vice par le biais de l’anonymat, les tours d’abandon furent décriés dès 1830 pour commencer à être abandonnés dès 1845. Le 27 juin 1904, une loi les aboli définitivement au profit de « l’accouchement sous X » qui autorise les femmes à accoucher anonymement pour laisser leur bébé.
Pourtant, en Allemagne, après une série de décès de nourrissons abandonnés par hypothermie en 1999, des tours d’abandon refirent leur apparition dans une version un peu modernisée (le premier tour d’abandon moderne, appelé « Babyklappe », vit le jour dans le district d’Altona de Hambourg le 11 avril 2000). Le pays en compte aujourd’hui presque une centaine. Fin 2011, c’est la Russie qui à son tour décida de remettre le tour d’abandon au goût du jour en équipant des hôpitaux du système. Pour finir, sachez que quelques tours d’abandon sont encore visibles par ci par là en France au détour d’un vieux bâtiment (comme à Macon, Rouen, Dreux ou encore Sedan), mais que les plus célèbres sont celui conservé au Musée de l’Enfance de Fécamp ou celui du musée de l’assistance publique de Paris qui date du 18ème siècle.
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